Mangez des avocats !

Mangez des avocats !

Un procés contre l'avocat ?

Chez miam.com, les polémiques récurrentes et soutenues qui consistent à descendre en flamme tel ou tel ingrédient exotique pour son soi-disant impact écologique négatif nous donnent régulièrement des boutons. Nous ne savons d’ailleurs jamais exactement comment celles-ci naissent ni qui allument leur mèche, même si nous pensons que tout cela ne fait qu’alimenter un gigantesque brouhaha de sens qui est parfait pour masquer les informations réellement intéressantes.

L’avocat fait partie de ces fruits et légumes qui sont régulièrement descendus en flammes sur l’autel de la préservation de l’environnement, des forêts, de la qualité de l’air et même de la qualité de vie de ses producteurs. Le message est toujours le même : l’avocat vient de loin, il pompe des tonnes de litres d’eau, son impact carbone ou social est désastreux, bouhouhou ! honte sur vous si vous mangez encore des avocats ! Sauf que, à bien y regarder, on met rapidement en avant certaines de ses caractéristiques qui, comparées à celles d’autres ingrédients, nous laissent vraiment songeuses ou songeurs. Voire : perplexes.
Bref : les articles que l’on peut lire sur ce coupable avocat sont soit de faible qualité soit à charge contre un légume qui a bien du mal à se défendre. Du coup, chez miam.com, nous avons décidé de nous faire l’avocat de l’avocat. Oui, c’était tentant et nous n’y avons pas résisté. Et vous verrez que les lignes de défense de ce fruit subtropical ne sont pas difficiles à établir, et même que les contre-attaques sont simplissimes à mener…. 

Nous mangeons de plus de plus d’avocats

Sans blague ! Quoi que l’on fasse pousser, fruits, légumes, légumineuses, féculents, graines et noix en tous genres, toutes ces plantations occupent un terrain fertile et ont besoin d’eau et de nutriments pour pousser. Pareil pour les animaux d’élevage et leurs sous-produits laitiers, que l’on gave en plus volontiers des pires produits (souvent transgéniqués) issus du premier groupe. Et tous ces ingrédients de base nécessitent des producteurs, des transformateurs, des transporteurs et des distributeurs. En clair, la population humaine a besoin d’être nourrie, si possible avec des aliments variés, et plus nous sommes nombreuseseux, plus l’impact écologique de ce que nous faisons pousser et des animaux que nous élevons pour nous nourrir est élevé. À partir de là, on pourrait affirmer sans ciller que la culture du blé est une catastrophe planétaire, et l’on aurait raison. Donc, oui, plus on mange d’avocats et plus sa culture génère des effets environnementaux négatifs.
Ce constat tautologique est indiscutable. Et si on arrête de manger des avocats, ceux-ne poseront plus de problème. Mais ces raisonnement montrent d’eux-mêmes qu’il manque ici quelque chose. Puisque nous avons toustes besoin de manger tous les jours, il faut comparer l’avocat à d’autres aliments. Et c’est là que tout s’éclaire !

Le bilan carbone de l’avocat est excellent

Le bilan carbone est devenu un indicateur clé pour comparer entre eux des sources d’énergie, des biens manufacturés et des aliments. Grosso modo, il comptabilise les quantités de gaz à effet de serre émis par la production de tous ces produits, ce qui permet de les comparer pour de vrai. Nous n’allons pas ici en faire des tartines sur le sujet, mais plutôt vous citer quelques chiffres (à retrouver sur internet si vous cherchez bien).
Aujourd’hui, dans le monde, un kilogramme d’avocat représente environ deux kilogrammes de CO2. Si on le compare avec le bilan carbone de 60 kg par kilo de viande de bœuf, le calcul est vite fait. De tête, ça fait trente fois plus d’émission de gaz à effet de serre pour le bœuf que pour l’avocat.  Ha ouais ! Mais bon, plus personne ne l’ignore, l’élevage de bovins a des impacts écologiques néfastes considérables. À tel point d’ailleurs qu’il est toujours bon de s’intéresser à des fruits et légumes exotiques dont on ne parle jamais !
Le Top 10 des aliments qui ont le plus mauvais bilan carbone est le suivant, toutes études et sources confondues : viande de bœuf, viande de mouton et chèvre, fromage, vache laitière, chocolat noir (il est à 19 kg de CO2 pour un kg de chocolat produit, soit dix fois plus que l’avocat), café, crustacé d’élevage, huile de palme, viande de cochon, et pour finir l’huile de soja. Donc, si vous avez renoncé aux avocats à cause de leur bilan carbone, c’est que vous avez déjà arrêté de consommer de la viande, des produits laitiers, du café et du chocolat, sans oublier les crevettes industrielles. Et franchement, on vous admire. Surtout pour les crevettes d’ailleurs.

L’avocat est gourmand en eau ?

Alors oui, bien sûr, pour produire un kilogramme d’avocat, 1 200 litres d’eau sont nécessaires. C’est plus que pour un kg de banane (660) ou de pomme (820). Au passage, ces litres d’eau abreuvent des arbres qui s’épanouissent et absorbent du CO2, ne l’oublions pas. Mais 1 200 litres, oh la la !, mais c’est énorme ! Boycottons ce vilain avocat assoiffé !
Sauf que pour un kg de viande de bœuf, de chocolat ou de café, il en faudra plus de 15 000 litres. Sortez les calculatrices, ramassage des copies dans dix minutes !

L’avocat : un fruit costaud qui défend les petits producteurs de pays lointains

Les arguments précédents suffisent à démontrer le mauvais procès fait à l’avocat. Mais puisque nous sommes lancé.es… 
La peau de l’avocat est épaisse et le protège des insectes et des microbes. Ce qui fait que les producteurs n’ont pas à l’arroser de pesticides en tous genres. Une qualité qui explique d’ailleurs en partie pourquoi le marché mondial de l’avocat dépend aujourd’hui de petits producteurs et non de multinationales de l’agroalimentaire (et de la chimie). Multinationales qui contrôlent totalement les marchés du chocolat et du café notamment, d’où les petits producteurs ont disparu (ou en tout cas ne maitrisent plus rien et sont payés une misère). L’avocat provient donc essentiellement de petits producteurs, il stimule les économies locales plutôt que les appauvrir, tout en ne polluant pas les sols. Et tout cela se passe essentiellement au Pérou, en Colombie et au Chili, qui sont les trois premiers producteurs mondiaux d’avocat (pour pas loin de 80 % de la production mondiale). Des pays à qui nous n'avons rien à reprocher, sauf si nous vivons ailleurs qu'en Amérique du Sud. Et encore…
Alors oui, ces produits viennent de loin si vous habitez en France. Mais si vous êtes locavore, vous pouvez déguster des avocats en provenance d’Espagne, et ce d’octobre à mi-juillet de chaque année. Ils sont vraiment délicieux et n’auront pas des milliers de kilomètres dans les pattes. Par contre, pour les bananes, cela va être plus compliqué. D’ailleurs, il faudrait boycotter la banane non ? Vous avez vu leur bilan carbone ? Un kg de CO2 pour un kg de banane, c’est inadmissible ! Aux chiottes les bananes !

Continuez de manger des avocats !

Non seulement l’avocat est délicieux, mais il est bourré de bonnes choses pour nos organismes. Après, sur miam.com, l’accent est en permanence porté sur une alimentation hyper-variée et sur les possibilités de régalades offertes par la cuisine végétale plutôt que sur les qualités de tel ou tel super-aliment. Donc, si vous aimez les avocats, continuez d’en manger de temps en temps, pour vous faire plaisir, en vous intéressant à sa provenance et en l'achetant à un maraicher qui connait bien son travail si vous le souhaitez. Surtout si vous avez envie de déguster un délicieux Guacamole à la tomate et au paprika ou cet Avocat au faux thon, qui laisse les poissons nager tranquilles. Et surtout sans culpabiliser à cause d’une énième injonction alimentaire médiatique sans fondement, qui consiste à pointer du doigt un aliment à qui on n’a finalement pas grand-chose à reprocher, sinon d'être de plus en plus produit parce que nous sommes de plus en plus nombreux.

Image par Ivan de Pixabay